mardi 24 février 2015

Chapitre 2

d'Un peu de chaleur dans un bizarre d'hiver.

Je flâne un peu au lit ce matin. J'entends le vent siffler à ma fenêtre ainsi que les souffleuses de mes voisins. Sans avoir à regarder dehors, je sais qu'il a encore neigé cette nuit. Reste à savoir s'il neige encore. Je suis bien sous la couette et pense à rassembler mon courage pour me sortir du lit quand ...

Le téléphone sonne. Un combiné se trouve près de mon lit, je peux donc décrocher tout en restant dans mon lit. C'est la responsable de la bibliothèque municipale qui s'informe si je prévois me rendre à la bibliothèque aujourd'hui et si oui de téléphoner avant de partir de chez moi pour que le concierge s'assure de déneiger la rampe d'accès. Elle m'explique qu'avec la poudrerie, et vue leur situation géographique, la neige bloque la rampe sitôt déneigée. Ce n'est pas dans mes plans d'aller à la bibliothèque aujourd'hui.

Je suis touché par cette attention. Il est vrai que les gens de la bibliothèque me connaissent et sont habitués de me cotoyer, mais prendre la peine de me téléphoner c'est ... wow. Durant la brève conversation, j'ai pas sentie de sous-entendus me disant de rester chez nous parce qu'il fait pas beau. J'l'ai interprété comme quoi que si je voulais aller à la bibliothèque aujourd'hui, ils allaient s'organiser.


La bibliothèque municipale est un service public et ... je fais partie du public! Souvent, je me sens dans une catégorie «à part», avec des besoins spéciaux et requérant des soins particuliers. Il est toujours plaisant de constater que je trouve ma place dans le «grand public». C'est pas toujours le cas malheureusement.

Parfois - trop souvent à mon goût- des activités sont annoncées comme offertes au grand public. Or, ces dites activités ont lieu dans des lieux qui ne sont pas accessibles ni en fauteuil roulant ni en quadriporteur. Je ne sais pas pour vous, mais une activité ou conférence «grand public» qui m'intéresse mais qui se déroule dans un endroit où je peux pas aller ...  ça me fait sentir «pas public». Y a quelques années, j'aurais dis que ça me fais me sentir minable. J'ai dépassé ce stade n'empêche que... c'est des situations que je déplore.Il m'arrive de ces situations où la race humaine me décourage.

Je parle fréquemment de ces moments où je me sens diminué - à la limite d'humilié-  parce que pas comme les autres. Je comprend mal que la différence dérange autant. Et là, je parle pas de grosses différences: juste que je fais pas les choses comme tout le monde, je contrôle pas toujours mes mouvements et je me déplace en fauteuil roulant.

Je me répète, mais le téléphone de ce matin me fais dire wow. Ça met un peu de chaleur dans un bizarre d'hiver, c'est pourquoi j'ai intitulé ce billet chapitre 2 (suite du chapitre 1). C'est des petits clins d'oeil de ce genre qui me font apprécier de vivre dans un petit village. C'est réconfortant de se sentir pris en considération, de ne pas tomber dans l'oubli et de voir que des gens pensent à moi et à m'accomoder.

J'aime bien ce sentiment de me fondre dans la masse tout en sachant que je suis unique et respecté. Ça semble bizarre à la première lecture,presque contradictoire, mais je crois sincèrement que tout le monde désire ça: être considéré sans devenir une exception. En tout cas ... moi c'est ce que je veux!

Le bizarre d'hiver se poursuit avec ... une tempête.

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