dimanche 31 mai 2015

Verbe, nom ou adjectif?

La question parait peut-être bizarre, mais je me la pose souvent.  Preuve que je suis bizarre! ( et ça me dérange pas)

L'idée d'en faire un billet m'est venue à l'esprit suite à une conversation, comme plusieurs de mes billets d'ailleurs. J'accorde pas mal d'importance aux mots ainsi qu'à leur bon emploi. Tant de mots existent, avec des nuances parfois subtils, que je me plais à essayer de trouver le bon mot pour dire ce que je veux dire. C'est pas toujours faisable malheureusement. Mon ami le dictionnaire vient alors à mon secours.


Bien qu'il existe plusieurs mots, il m'arrive d'en inventer. Ma technique préférée est de faire un mot avec un groupe de mot ou une expression. Pour ce faire, je met des traits d'union. C'est une technique assez courante qui a donné naissance au mot je-ne-sais-quoi et je-m'en-foutisme. Il m'arrive aussi parfois d'assembler par des traits d'unmion des synonymes d'un même mot. Dans ma pensée, cette façon de faire amplifie ce que je veux dire. Comme déçu-peiné-découragé et fatigué-épuisé.

Au-delà des mots, il y a l'interprétation de ceux-ci qui joue un grand rôle dans la compréhension de ce qu'on dit. Peu de gens se promène avec un dictionnaire dans leur poche (bien qu'avec les téléphones dits intelligents ... ) Qu'il est pénible de jaser avec quelqu'un qui «analyse» tout ce quon dit! Comme je le disais plus haut, je m'efforce d'utiliser les bons mots mais j'essaie de ne pas en faire une fixation ni de corriger perpétuellement l'usage des mots que les gens autour de moi font. Il est également pénible de jaser avec quelqu'un qui a une compréhension différente de soi pour un mot­. Bien qu'il existe une définition pour chaque mot, il y a de nombreux facteurs qui peuvent modifier la signification d'un mot.

Je crois qu'il est maintenant temps de vous parler du mot-mystère à l'origine de ce billet: handicaper. J'utilise sa forme de verbe car pour moi il reste un verbe. Et comme une majorité de verbe, il peut devenir un adjectif. Le dictionnaire me contredit là-dessus, disant qu'il est parfois nom. Pas pour moi!

Me faire nommer ou interpeller Handicapé m'insulte. J'ai l'impression d'être dépossédé de ma personnalité et de n'être QUE handicapé et rien d'autre. Bien que je sois convaincue que je suis beaucoup plus que ça, l'emploi HANDICAPÉ pour parler d'un être humain me déçoit et me fâche. Il m'arrive fréquemment de "sortir de mes gongs" quand j'entends cette abération à la télé ou à la radio et la plupart des gens de mon entourage ont déjà, au moins une fois, été gentiment repris sur l'utilisation de ce mot.

Imaginez donc ma stupéfaction lorsque le terme handicapé est sorti à plusieurs fois lors d'une conversation de la bouche d'une connaissance en fauteuil roulant pour se désigner. J'en suis presque tombé-en-bas-de-ma-chaise! Expression de moi pour dire toute mon étonnement et ahurissement.


J'explique à cette personne que j'aime beaucoup mieux l'appellation personne handicapée et lui demande, toujours gentiment avec mille et une précautions, si elle s'est déjà demandée qu'elle image elle projetait en disant ça. Elle me répond non et voyant sa fermeture sur le sujet, je n'insiste pas. J'aurais peut-être dû!

Parfois quand j'interroge les gens à ce sujet, ils me répondent que c'est pour faire plus court que personne handicapée mais que ça sous-entend  personne handicapée. J'utilise souvent des abréviations et pourtant ... j'aurais jamais pensé à faire disparaitre le "personne" de "personne handicapée". Un autre exemple de mes nombreuses contradictions d'être humain!

Je me répète, mais dire handicapé pour désigner une personne qui vit avec des handicaps c'est l'amputer de sa personnalité et la réduire qu'à sa condition physique. Une personne est tellement plus que deux jambes ou deux bras!

J'ai un prénom - même si vous le savez pas, j'en ai un pareil- alors utilisez-le pour m'appeler. Herosddemavie me convient bien aussi mais pas Handicapé. J'ai toujours revendiqué, et revendiquerais probablement toujours, que je suis et demeure une personne handicapée.

Oubliez jamais que la personne handicapée devant vous est une personne et non pas juste un handicap. Et si vous vous mettiez à la place de cette personne, comment réagiriez-vous si on vous interpellait par Handicapé?