Histoire de vis

Dans une de ses pages de ce blog, je mentionne le quadriporteur.

Ce pratique véhicule me facilite grandement mes sorties extérieures. Toutefois, comme presque tous appareils électriques, sa fragilité est une des particularités qui me donne souvent des casse-tête et des sueurs froides.

Pour ceux et celles qui ne sont pas trop-trop connaissantes dans les quadriporteurs, une clé assure le contact et permet à l'électricité des batteries de se rendre au moteur. Les guidons me permettent de diriger le quadriporteur mais ne me permettent pas d'avancer ou de reculer ni de modifier ma vitesse. Je change de vitesse en tournant la roulette noire sur le dessus et j'avance ou recule en poussant d'un bord ou de l'autre sur la manette où il est inscrit avant et arrière. Cette manette tient en place grâce à deux petites vis. Et comme une image vaut mieux que mille mots ... 

J'utilise mon quadriporteur au moins une ou deux fois par semaine et avec l'approche des beaux jours, mon utilisation sera accrue. Comme j'adore les promenades en plein air, le quadriporteur me permet de me promener sans me fatiguer autant que lorsque je me déplace en fauteuil roulant manuel. L'été venue, il m'arrive souvent de mettre un bouquin et un thermost d'eau dans mon panier et de partir pour me trouver un coin tranquille pour lire.

Depuis quelques jours, la manette de direction (avant-arrière) n'était plus fixé solidement. Un demi-tour de tournevis aurait suffit mais je ne le faisais pas ... par paresse. Oubliez pas, je suis une grande dormeuse! En fait, c'est que j'y pensais toujours aux mauvais moments: quand je sortais de chez moi ou en pleine rue.

C'est alors que j'étais à l'épicerie que mon quadriporteur a "décidé" opportun de me le rappeler. En choisissant un pot de confiture - aux framboises pour les curieux- mes yeux se posent sur la manette qui penche d'une drôle de façon. Je regarde plus attentivement pour me rendre compte qu'une des petite vis est tombée et que la manette ne tient plus en place que par une vis. Je me promet de ne pas faire de gestes brusques et de rentrer directement chez moi. Je verrais par la suite pour la réparation.

Fallait quand même que je paye mon épicerie - incluant le pot de confiture aux framboises. En route vers les caisses enregistreuses, je croise plein de gens qui m'arrêtent et jasent. J'ai toujours mon problème de vis dans la tête et c'est un peu soulagée que je me retrouve dehors. Je vérifie que la vaillante petite vis qui demeure est solidement en place et je me dirige vers mon appartement.

À proximité de chez moi, je vois que mon voisin est dehors près de son garage. Il me salue quand il me voit passer et je lui demande si je peux aller le voir. Il me dit oui et je pique à travers le champs pour arriver plus vite près de lui. Je lui explique ce qui arrive avec ma manette et me répond qu'il va regarder dans son pot de dépannage s'il y aurait une vis qui ferait l'affaire.

Il en essai une pis une autre qui faisait pas. Il est rentré dans son garage pour en chercher d'autres lorsque sa femme arrive et me demande ce qui se passe. Je lui parle de la manette et de la vis manquante. Tout en écoutant ce que je lui raconte, elle regarde à mes pieds et me demande soudain :"Est-ce ça que tu cherches?"

La fameuse petite vis a fait presque 500 mètres sur la plateforme à côté de mes pieds. J'ai pas eu le choix d'en rire; vous auriez fait quoi vous?

Amis à louer?

Je viens de découvrir dernièrement qu'une personne de mon entourage reçoit de l'argent pour faire semblant d'être mon ami. 

Bien que je ne partage pas grand chose avec cette personne, étant donné que je la côtoie souvent, j'avais fini par m'habituer à sa présence et à son intelligence particulière.  Je ne dis pas ça de façon péjorative; c'est ma façon de mentionner que nous sommes différents dans nos intérêts et valeurs. Je savais que cette personne recevait un salaire pour m'accompagner lors de commissions ou de rendez-vous, mais la mention de faire semblant d'être mon ami ... je le digère mal.

Il se peut que je sois la seule personne responsable de mon écoeurement. Comment auriez-vous réagit à une telle découverte? Je suis probablement trop sensible aux mots et à leurs sens. Vous pouvez être sûr que je ne fais pas semblant d'être écoeuré!

Quand je l'ai appris, je me suis sentis ... indigne d'avoir des amis, comme si je ne pouvais avoir des amis pour ce que je suis. Je crois sincèrement que chaque personne a le droit d'avoir des amis. Souvent c'est par affinité d'intérêt que nous devenons amis avec une autre personne; parfois nous revendiquons les mêmes droits ou défendons les mêmes causes et ainsi nous nous lions d'amitié avec d'autres gens. C'est souvent - presque toujours- ce que nous avons en commun avec quelqu'un d'autre qui fait que nous devenons amis avec une personne plutôt qu'avec une autre.

J'ai pas beaucoup d'amis.  Beaucoup de connaissances mais peu d'amis.  C'est plutôt rare que je m'en plains. Ça me dérange pas de parler aux "étrangers" - façon de dire que je ne suis pas gêné de demander de l'aide à des inconnus. Je peux très  bien me rendre seule à un endroit que je ne connais pas ou demander de l'aide à une personne que je ne connais pas et qui se trouve sur mon chemin. Ça s'est même déjà avéré le début d'une amitié.

Je préfère passer de longs moments seul que de m'étourdir de paroles qui ne font que remplir le silence. J'ai le sentiment que mes amis  font le choix de passer quelques moments avec moi et vice-versa. Sans faire passer de questionnaire, ou d'entrevu, à mes amis ceux-ci sont choisis de façon judicieuse et chacun a ses "spécialités". Parmi celles-ci, il y a l'amie rigolote qui sait me remonter le  morale quand je suis déprimé, l'ami bricoleur qui peut me réparer à peu près tout ce qui est réparable, l'ami réseau qui peut me mettre en contact avec d'autres gens, et quelques autres qui ont chacun leur "spécialité". Mais y en a AUCUN  qui a comme "spécialité" de faire semblant d'être mon ami!

Décoiffant!

Dernièrement, une drôle d'anecdote m'est arrivée. Je vous raconte:

Une réunion est prévue en fin d'après-midi. Comme cette réunion a été décidée à la dernière minute, je ne peux compter sur le transport adapté pour l'aller/retour. De plus, dans mon coin, le transport adapté cesse ses opérations à 17h00. Comme plusieurs autres personnes handicapées (du coin), je dois oublier des déplacements en transport adapté le soir. Sauf exception. Heureusement, je suis capable de faire mes transferts. Donc, cette fois j'ai le transport adapté pour m'y rendre et ... je reviendrais avec une amie.

La réunion est un peu barbante mais nécessaire. Je me sens pas très efficace avec l'impression que ce que je dis n'est pas pris au sérieux. La raison de cette rencontre est la dénonciation d'un problème: chacun reconnait le problème ... sans proposer de solution. Alors, je suis sortis de cette  réunion un peu démoralisée, moi qui aime l'efficacité mais surtout qui déteste me déplacer pour rien.

Mon retour à l'appartement est prévu avec une des participantes de la rencontre. Je voyage avec elle à l'occasion. Comme il fait froid dehors et qu'il y a grand vent, elle me propose d'aller chercher sa voiture et de venir me chercher à la porte. J'accepte et elle fait ainsi.

La voiture approche de l'entrée où je me trouve alors je sors. Mon amie stationne et vient m'aider à faire mon transfert pour m'asseoir dans l'auto. Le vent aide pas et referme la portière sur moi. Après quelques tentatives, on réussis. Je m'installe pendant que mon amie se dirige vers l'arrière de sa voiture avec le fauteuil roulant.

Elle prend ses clefs dans sa poche pour ouvrir le coffre et le temps qu'elle déverrouille ... le fauteuil roulant prend la poudre d'escampette. Sans deux ni trois, le vent fripon pousse mon fauteuil roulant à travers le stationnement. Il  avait le vent dans les voiles! ( même s'il avait pas de voile). Mon amie part à courir pour rattraper le fauteuil roulant avant que celui-ci ne tombe dans la canal.

Depuis cette anecdote, mon amie a un rire dans la voix quand elle me parle - même de sujets hyper-sérieux!

J'aurais bien aimé trouver une photo qui représente le vent. Voici celle qu'un ami m'a suggéré pour accompagner ce billet. 

avec la permission de Brian Branch,photographe.

Et vous, quelle image auriez-vous pris pour représenter le vent?