lundi 18 septembre 2017

Ah ce mot!

J'entretiens des sentiments mitigés avec le mot encore.

Durant mon enfance, ce mot était étroitement relié à mon plaisir et à ce qui me faisait plaisir. Encore maintenant, le premier "réflexe" que j'ai en entendant ce mot est PLUS. Je sais maintenant que c'était dans le sens d'ajouter que ce mot m'apparaissait à l'époque. Et je pense que c'est la première définition que la plupart des gens lui donne. Souvent quand quelqu'un me verse du thé, ou du lait dans mon café, je ne dis pas plus de thé ou plus de lait mais bien encore.

Quand ce mot indique une répétition, j'aime bien. Comme :"Encore du gâteau au chocolat!" Pour une chose que j'aime - comme le gâteau au chocolat- l'emploi de ce mot me fait plaisir. Mais quand il est employé pour m'informer que j'ai "Encore cassé une assiette" ça me fait me sentir les mains pleines de pouces. Ce qui s'avère parfois véridique!

Il y a un autre sens à ce mot qui m'est moins famillier. Encore peut indiquer un degré plus grand avec les adverbes plus, moins, mieux, davantage : C'est encore plus difficile que je n'imaginais. J'utilise peu ou pas ces formes langagières qui me semblent de l'ordre de l'exagération ou de la répétition.  Mais c'est peut-être un moyen de mettre l'accent, d'appuyer, sur l'adverbe.


L'utilisation que l'on fait de  ce mot qui me plait le moins est apparu dans ma vie durant mon adolescence, moment où j'ai commencé à avoir des problèmes de santé. Je me souviens de quelques tirades mémorables faites à des amis à cette époque. Ce qui me faisait sortir de mes gonds, c'est lorsqu'on me disais que je pouvais ENCORE faire telle ou telle chose. L'expression me portait à croire que je ne pourrais plus prochainement faire ces choses. Ce qui me chagrinais beaucoup. Encore (!) aujourd'hui, bien que je me sois assagi, il m'arrive de grincer des dents quand j'entends ce mot utilisé dans ce sens.


Je ne me cache pas la tête dans le sable et je ne pratique pas le déni face à la maladie dégénérative qui ravage mon corps. Je sais bien - et je le constate par moi-même- qu'il y a des choses que je pouvais faire par le passé et que je ne peux plus maintenant. Mais en est-il pas de même pour tout le monde? Malgré mon désir d'autonomie, je n'ai pas honte de demander de l'aide si nécessaire. Ce n'est pas parce que je prends plus de temps  à effectuer une tâche que je ne peux la faire, ou que j'ai besoin d'aide.  En général, les gens évaluent le temps de réalisation d'une tâche sur leur propre temps d'exécution pour cette tâche; ça leur prend cinq minutes pour faire ça alors si tu en   prends huit ou  neuf ben ... tu as besoin d'aide. Ce qui est pas toujours le cas. Offrir de l'aide, c'est bien beau quand c'est offert et non pas imposé. Parfois, des gens prennent pour acquis que j'ai besoin d'aide sans vérifier auprès de moi; parfois c'est agréable mais parfois ... c'est exaspérant!


Mais je m'éloigne, ENCORE une fois, du sujet de ce billet.

Pourquoi est-ce que les gens - en général- mettent l'accent sur la "possibilité" de ne plus faire une chose en employant le terme encore? J'aimerais tellement mieux que l'on accroche su le fait que je peux faire telle ou telle chose. Je crois qu'on pourait se réjouir pour moi au lieu de me rappeller, sans me le dire, qu'un jour peut-être je ne pourrais plus faire telle ou telle chose. Bien que réjouir ne soit pas le mot approprié; je ne sais quel autre mot utiliser. Le sens que je veux donner à ma phrase, c'est de plus positiver. Et l'idéal serait d'accepter la sitation telle qu'elle est et sans plus de commentaire.

Le jour où je ne pourrais plus m'acquiter de telle ou telle tâche, je saurai m'en rendre compte et rémédier à la situation. Mais pour le  moment, j'aimerais bien que l'on se concentre sur ce que je peux faire et que l'on n'anticipe pas trop sur un avenir incertaine.

Je fais de gros efforts pour rester connecté au moment présent et à empêcher mon esprit de se projeter dans le futur. Un banal "Tu peux encore faire ça" prononcé sans arrière pensée par une personne rencontrée à l'épicerie se révèle pour moi un cruel rappel de ma réalité. Il m'est difficile de rester, et de profiter, du moment présent (moment où je peux ENCORE faire telle ou telle chose) lorsqu'on me fait penser que mes capacités peuvent faiblir, voire s'estomper.

Je n'ai pas ENCORE trouvé la bonne formulation pour répondre lorsque des gens me font de tels commentaires. Je veux vraiment éviter de répliquer quelques chose de blessant et/ou de façon trop spontané; loin de moi l'envie de blesser les gens. Quelqu'un aurait-il des suggestions?